J’ai longtemps ignoré l’histoire de la cabane ponton du Mimbeau. Je ne voulais pas vraiment savoir, je préférais rêver son passé. Cette cabane construite sur un ancien chaland, le bateau typique des professionnels du bassin, je l’ai toujours connue posée au fond de la lagune du quartier ostréicole. Je lui ai imaginé une vie au temps des premiers habitants du Cap Ferret, des pêcheurs qui s’abritaient sur d’anciens bateaux. J’ai rêvé y dormir avec mon homme. Je nous imaginais au matin après une nuit trop courte, un bol de café à la main, le regard émerveillé par le lever du soleil sur la dune du Pyla. Pour les besoins d’un tournage avec la Maison 5, je me suis approchée au plus près et le mystère s’est évanoui. La cabane sert d’atelier d’été à un peintre local, Jean-Pierre Marladot, dont nous connaissons tous les sublimes aquarelles. Il a l’habitude de les accrocher sur les murs des cabanes du village ostréicole en été. Devantures à l’ancienne, villas remarquables du Cap Ferret ou armoires garnies de linges anciens, les peintures de Jean-Pierre Marladot émeuvent de leur exquise finesse. Tel un peintre naturaliste du XVII, il s’attache au très petit avec un immense souci du détail. Il raconte une histoire de toile en toile comme s’il y construisait un épisode de sa vie. Ses collections d’ours en peluche et ses compositions de cadres souvenirs lui tiennent parfois lieu de famille comme les mappemondes de voyage, lui qui a choisi de vivre entre le Cap Ferret et Targon, le pays de son enfance.
Jean-Pierre m’a ouvert les portes de son petit monde et je partage avec toi quelques images de ce lieu magique, refuge d’artiste et machine à rêver pour ceux qui ont gardé intacte leur passion d’enfance pour la cabane en bois. Dès l’entrée, je suis tombée sous le charme de l’atelier avec son mini coin cuisine, sa table de travail et son lit réchauffé d’un joli plaid de cachemire bleu. Les nombreuses bougies à moitié consumées témoignent d’une vie très sobre sans la facilité de l’eau courante ni de l’électricité, le rêve des aventuriers modernes.
Avec Jean-Pierre, nous avons pris le temps d’un café et d’une conversation autour de l’aquarelle et de son parcours original. Il a débarqué au Cap Ferret en 1976 pour un job d’été, Jean-Pierre Marladot est tombé en amour pour la presqu’île. Il revient trois saisons comme conducteur du petit train, une véritable entreprise à l’époque avec ses trois machines naviguant du débarcadère à la pointe. Pour continuer à vivre sur la presqu’île, il se transforme en gardien de villas assurant l’hiver entretien et menus travaux pour quelques mamies. Dans ses pérégrinations, il découvre vite le ponton, un lieu propice à contemplation et à la peinture qu’il pratique en autodidacte. Il commence par squatter l’endroit visiblement inoccupé et découvre l’identité du propriétaire grâce à une enveloppe oublié dans la cabane. Commence alors une longue démarche pour régulariser sa situation sur le Mimbeau. Heureuse coïncidence, le propriétaire est lui même artiste peintre. Monsieur Rozier donne facilement son accord pour une occupation temporaire qui se transforme en legs lors de son décès. Restait à obtenir l’aval de l’administration pour valider l’accord des deux artistes. Jean-Pierre monte un dossier argumenté sur l’aspect patrimonial de la cabane, son intérêt comme partie intégrante du paysage des 44 hectares. Accord lui sera donné par le maire monsieur Sammarcelli pour un usage comme atelier d’artiste et ceci de façon temporaire.
Depuis, Jean-Pierre Marladot s’installe chaque été au Cap Ferret. Il se partage entre la peinture le matin et son exposition dans le village ostréicole l’après-midi. Les aquarelles sont juste accrochées aux murs des maisons de pêcheurs, offertes aux regards des amateurs, des curieux et des touristes en vélos. La démarche interpelle et ils sont nombreux à marquer un temps d’arrêt devant les délicates compositions du peintre. Les tableaux sont installés jusqu’à la fin août, parfois un peu plus, selon l’humeur du peintre. Fin septembre, celui-ci fermera l’atelier et rejoindra son domicile de Targon. Dommage que le ponton soit réservé à la peinture, je me verrais bien profiter de l’absence du peintre pour venir en retraite détox à vivre au rythme du soleil et des marées.
Marsouin ARC 63421
Pingback: Balade dans les 44 hectares avec Stéphane Thebaut de la Maison 5 | le Cap Ferret de Sophie Juby
Quelle découverte; ce n ‘est pourtant pas un nouvel arrivant ! Effectivement au fil des ans , il semble plus facile aux amateurs des peintures de Jean-Pierre Marladot de les contempler lorsque le flot des touristes s ‘est un peu tari …
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Bonjour Sophie,
J’espère que pour Jean-Pierre Marladot, l’été ne s’achève pas avec le départ des vacanciers, et que les autochtones du Sud-Bassin (!), fuyant comme moi la foule, pourront très bientôt découvrir son travail et savourer le charme du Mimbeau ! 🙂
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Bonjour Marion,
Mais non l’été n’est pas fini et Jean-Marladot sera là encore un moment.
Si tu as le temps, passe au village ostréicole, l’expo est vraiment sympa.
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