Mes instantanés, Peintres & artistes du bassin
4 commentaires

Entretien très ferret avec Christian Bernard

_DSC0170

est un peintre emblématique de notre petit monde très Ferret. Ses aquarelles, ses tableaux de pinasses, le bateau typique du bassin, sa peinture très décorative nous permettent de recréer un univers visuel unique. Ses œuvres sont accrochées dans de nombreuses villas, il est de bon ton d’avoir son Christian Bernard accroché au mur du salon.

Christian Bernard peint dans la fidélité au modèle : vue sur la dune du pyla, cabanes en bois, les pinasses en répétition. Pourtant son travail n’est pas une réitération mais plutôt un parti pris de témoigner sur un monde si magique qu’il ne finit pas de nous étonner. Si le peintre revient sans cesse sur les mêmes sujets, son travail n’est pas figé. Il évolue, partant d’une reproduction fidèle de la réalité pour aller vers des dessins japonisants. D’un foisonnement de détail vers la pureté du trait, la représentation minimaliste de notre Ferret au travers de ses  symboles : le phare, les cabanes tchanquées, une coque de pinassotte.

Diapositive2Aplats,  monochromes, rouge, noir et blanc, sa palette s’est épurée. Il peignait des bateaux dans une ambiance bassin, la nature omniprésente. Beaucoup de fleurs, hortensias en buisson ou en bouquet. La  Femme se faisait discrète mais bien  présente sous la forme d’un châle négligemment posé sur un canapé, un livre ouvert abandonné, un chapeau de paille.

Son nouvel univers est très masculin, sauf à voir la féminité dans les courbes généreuses de ses pinasses.

_DSC0169

Pinassotte de Christian Bernard. Photo Sophie Juby

Lorsqu’on l’interroge, le peintre confie volontiers sa profonde admiration pour Pierre Soulages, peintre du noir. Les mots de P. Soulages pourraient certainement illustrer la pensée de Christian Bernard :

« Outrenoir » pour dire : au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir.

« Outrenoir » : noir qui, cessant de l’être, devient émetteur de clarté, de lumière secrète.

« Outrenoir » : un champ mental autre que celui du simple noir.

Extrait d’un entretien de Pierre Soulages : « Les éclats du noir²  
(Entretien avec Pierre Encrevé, in Beaux-Arts Magazine, Hors série, Paris, 1996),

Maintenant que tu as découvert un peu plus de Christian Bernard, il est temps de passer de l’autre côté du miroir. Vient le moment de partager un moment avec le peintre pour échanger autour de la peinture, de son travail et du Ferret.

Rendez-vous est donc pris à l’atelier du peintre.

_DSC0156 - Version 2

                                                                                                                                                                                                       A mon arrivée, Christian m’offre son dernier et quatrième livre d’aquarelles « L’Origine ».

J’ai feuilleté ce recueil avec lui et découvert un bel objet grand format papier de qualité et je l’ai remercié. Un ouvrage plus intimiste que les précédents puisque le peintre a choisi d’accompagner ses aquarelles de ses propres textes. Il se réapproprie les mots jusqu’alors confiés à  la plume complice de Christian Oyabirde.

Et puis en rentrant j’ai pris le temps de lire les textes. Je reste troublée par cette mise à nu. Le peintre  confie ses doutes, ses regrets. On sent une âme à vif derrière l’apparente douceur de l’aquarelle.

Je ne veux pas lui voler son âme alors je te laisse faire toi-même la démarche de rentrer dans la galerie du Ferret (unique lieu de vente du recueil). Si comme moi le dialogue avec Nathalie, la femme de Christian te donne l’envie d’aller plus loin, alors emporte son livre ou encore mieux une toile. Une superbe idée pour ta liste au père Noël.

En attendant, je t’offre cet entretien intimiste.

_DSC0161 - Version 2

Photo Sophie Juby

Sophie Juby : Christian, merci de m’avoir ouvert la porte de ton atelier. Si tu le veux bien nous allons ensemble rendre visible l’autre côté du miroir, ce qui se cache derrière la toile.

Sophie Juby: J’aimerais déjà comprendre quelle est ton idée de la peinture, ton envie quand tu te mets devant une toile blanche ?

Christian Bernard : Une envie de partage. Je veux partager la beauté de ce qui m’entoure, partager mes découvertes et montrer les choses qui me font vibrer, les choses qui me rattachent au monde.

La peinture est une thérapie à l’ennui, un témoignage sur mon questionnement sur le monde vivant.

Le peintre cherche à communiquer sur son étonnement au monde.

        Ton mode de travail : en atelier ou dans la nature ?

        Les deux, même si  la nature est essentielle.

Je ne travaille pas à partir d’une photo ou d’un modèle.

Je pars d’une idée, d’un projet ainsi la pinassote japonisante.

Je peux me déplacer pour faire des croquis ou photos d’un lieu, d’une pinasse particulière. Mais Ces croquis ne sont là que pour me rassurer.

Dans un second temps,  je réalise un dessin de mon projet.

Et pour finir, je concrétise par un tableau.

Mon travail se fait donc en trois étapes qui me permettent de passer du réel à ma représentation du réel. Je peins une image que j’ai intériorisée. Mon travail s’est enrichi, nourri d’influences extérieures. J’ai une grande admiration pour Pierre Soulages, le peintre du noir. Au contact de son œuvre, j’ai pu concrétiser la mienne.

Les qualités que tu préfères chez un artiste ?

  • Sincérité
  • Humilité
  • Générosité

Aquarelle ou acrylique, quelle technique te correspond le mieux ?

Aujourd’hui j’utilise surtout l’acrylique mais je n’abandonne pas l’aquarelle.

C’est une technique que j’affectionne et j’intègre les spécificités de l’aquarelle à l’acrylique en travaillant en superposition de glacis très transparents. J’arrive à donner de la transparence à l’acrylique en superposant six ou sept couches. De cette façon j’apporte de la lumière.

Graphisme épuré, trait net comme une calligraphie, tes monochromes en noir & blanc interpellent les amateurs de ton travail. Doit-on y voir l’aboutissement d’un travail, une étape dans la vie d’un artiste qui se débarrasserait du superflu ou simplement un clin d’œil au Japon que tu aimes tant ?

Les deux, mais surtout se débarrasser du superflu.

C’est comme une pierre brute que l’on polit avec le temps. Se débarrasser de ce qui n’apporte rien pour garder l’essentiel.

Merci Christian d’avoir nourri notre envie de mieux te connaître.

Pour conclure par un clin d’œil, on continue avec l’ Interview bassin

D’ici ou  d’ailleurs ?

Ici.

Ton premier souvenir bassin ?

Le phare.

Photo de Van Thanh Tran

Photo Van Thanh Tran

Ton spot préféré, le plus beau point de vue ?

« L’escourre du jonc » nom donné à l’espace naturel situé au bout du village ostréicole. En se plaçant le dos à la villa Nicéa, on a une vue sur les cabanes ostréicoles, la fin du Mimbeau. Magnifique !!!

Une belle journée au Ferret c’est quoi ?

Se balader le long du Mimbeau coté Bassin, y pique-niquer le soir.

Une session de surf à l’océan avec mes fils.

Une adresse pour diner ?

La maison du bassin.

Une adresse pour boire un verre ?

Le Tchanqué.

Plutôt bassin ou océan ?

Océan.

Lemoine ou Frédelian ?

Frédélian. Les crèpes de Frédelian, les gaufres : ma madeleine de Proust. Mon enfance est toute entière dans ces desserts que nous dégustions alors.

Tes projets, ton actu ?

Continuer mon travail sur les monochromes, l’esprit japonisant.

Galerie Christian bernard. photo sophie Juby 

4 commentaires

  1. Jean-Luc et Anne dit

    Pour tant de sincérité, d’humilité, de générosité dans tes aquarelles qui ne peuvent laisser insensibles les amoureux du Mimbeau et des dunes sauvages…
    Pour notre belle et solide amitié …
    Merci Christian,
    Jean-luc & Anne

    J’aime

    • je suis aussi fan des aquarelles de Christian Bernard, j’ai peu aussi admirer ses dernieres acryliques tres realistes lors d’une expo à Bordeaux. j’étais allé lui faire autographier ,le livre « cap-Ferret » nous avons parlé un peu aquarelle et il m’a même donné quelques tuyaux techniques que j’utilise encore maintenant, malgré que je ne peigne maintenant que tres rarement des marines. c’était à Talence

      J’aime

Laisser un commentaire